Contes de coeur de Papiguy

Contes de coeur de Papiguy

MANA, L'ELEPHANT AU COEUR D'OR

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Mana, l’éléphant au cœur d’or

 

 

 

Jadis, vivait, dans la forêt himalayenne, un éléphant blanc aux longues et magnifiques défenses qu’on appelait Mana. Il était descendant d’une lignée d’éléphants blancs, venus des forêts de Hui-Sai au royaume de Siam, qui avaient appris le langage des humains.
Aucune circonstance, si désagréable fût-elle, n’avait pu entamer sa bienveillance et la bonté de son coeur. Il était un exemple de générosité et de sagesse pour tous les animaux alentours. Toute créature qui le rencontrait était touchée par l’amour et la simplicité qui rayonnaient de lui, et se mettait à l’aimer et à le respecter à leur tour. Souvent les animaux, à travers leurs chants, leurs cris, parlaient de Lui et de son incroyable compassion. Lui ne disait rien.

 

En quête en des pays lointains.

Plus jeune, le grand éléphant blanc était parti en quête en des pays lointains.

Lors de son périple, il rencontra deux hommes remarquables qui le marquèrent particulièrement, Tierno et Hatim.

Tierno, remarquable pour sa gesse, lui avait dit : « La bonne action la plus profitable est celle qui consiste à prier pour ses ennemis. ». Grâce à l’enseignement de Tierno, il comprit que, toujours, le mal engendre le mal, et il décida de se conduire toujours bien avec toutes les créatures vivantes et de bénir intérieurement chaque créature rencontrée. 

C’était difficile, mais il s’entraîna sans relâche jour après jour.    


Dans les déserts de Syrie, il avait rencontré Hatim, un jeune prince de la tribu des Taï, remarquable par sa générosité. Hatim se plaisait à dire : « La générosité est l’arbre du paradis ».

 

Chef de tous les troupeaux d’éléphants de l’Himalaya.

Lorsque Mana, l’éléphant blanc revint de son périple, il devint chef de tous les troupeaux d’éléphants de l’Himalaya. Dans cette multitude régnaient la méchanceté, la haine. Il apaisa les conflits autant qu’il le pût par la douceur de ses paroles et la tendresse de son cœur.

 

Puis, son temps de chef passé… 

Il s’était retiré et menait une vie solitaire à réfléchir, méditer, prier. Tous les animaux le respectaient et l’aimaient. Il accueillait, conseillait et aidait quiconque avait besoin de lui. On l’appelait « le bon roi des éléphants ».

 

Un jour, dans la grande forêt himalayenne, les animaux entendirent un homme qui cherchait son chemin au milieu d’arbustes et de buissons touffus. Son pas était hésitant. Les ronces et les plantes grimpantes lui barraient le chemin, mais il s’entêtait à avancer dans ces enchevêtrements inextricables de végétation, affolé et perdu. Poussé par la peur, il se mit à courir au hasard. A force de tourner en rond, il s’épuisa. Les vêtements arrachés, le corps sanguinolent, il se tordait les mains de désespoir . Il poussa alors de pitoyables gémissements : « Au secours, à l’aide ! »; Personne ne répondit. Pas d’hommes aux alentours.


L’éléphant blanc entendit les craquements de branches et les gémissements désespérés d’un homme. Il se dirigea vers les cris et vit l’homme empêtré dans les ronces. Il s’approcha et tendit sa trompe vers l’homme. Celui-ci, effrayé, recula. L’éléphant s’arrêta. Voyant cela, l’homme s’arrêta aussi. L’éléphant s’approcha un peu plus. L’homme recula de nouveau. L’éléphant s’approcha plus doucement.
L’homme pensa : « Cet éléphant blanc s’arrête chaque fois que je me sauve, peut être ne me veut-il pas de mal ? » Il resta immobile. Mana au grand coeur s’approcha et lui demanda :
– Pourquoi cries-tu et te plains-tu ainsi, ô homme ?
– Je me suis égaré dans cette forêt, et j’ai peur d’y périr! répondit l’homme.
– Cesse d’avoir peur », lui répondit doucement Mana. Je vais te remettre sur la route de Gorakhpur et tu retrouveras les tiens.

Il entoura l’homme de sa trompe avec de grandes précautions, le déposa sur son échine, et se mit en marche pour le sortir de la forêt. L’homme rassuré, accepta l’aide de Mana.
Et en chemin, il se dit : « En voilà une belle histoire à raconter à mes amis ! »; Il observa les alentours avec grande attention. Il voulait se souvenir de tous les accidents du terrain : les montagnes, les collines, les marécages, les cours d’eau, les gros arbres. Quand ils atteignirent la grand-route, l’éléphant déposa l’homme à terre et lui dit :
– Te voilà sur ta route, ô homme, elle te mènera directement à Gorakhpur. Va en paix ! Je ne te demande qu’une chose : ne raconte à personne ce qui t’est arrivé et l’aide que je t’ai apportée, quelles que soient les questions que l’on te posera.

 

L’homme était avide ..

L’homme remercia l’éléphant et partit pour Gorakhpur, tout guilleret. Mais il était avide et cupide. Ses pensées étaient tournées vers ces belles défenses que possédait l’éléphant si gentil. Pas plus tôt arrivé, qu’il reprit la route jusqu’à Varanasi et se précipita chez les artisans qui fabriquaient des objets en ivoire d’éléphant et leur demanda:
– Combien, maîtres, me donneriez-vous des défenses d’un éléphant vivant?
– Tu le demandes ! s’écria le plus ancien. Les défenses d’éléphant vivant valent beaucoup plus que les défenses d’éléphant mort ! Apporte-les et nous te payerons royalement.
En chemin, l’homme se dit, « Cet éléphant avait l’air si gentil qu’il se pourrait bien qu’il se laisse convaincre de m’en céder une ? cela me ferait un bon paquet d’argent ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait, il se munit d’une scie et retourna dans la forêt himalayenne, là où vivait le « bon roi des éléphants ».
L’éléphant blanc, surpris de le voir revenir, lui demanda :

– Pourquoi es-tu revenu, ô homme, qu’est-ce qui t’amène ? »
– La misère, éléphant blanc, la misère! lui répondit l’imposteur.
Je n’ai pas de quoi manger. Donne-moi une de tes défenses, je la vendrai à Varanasi et cela me permettra de vivre ! »

L’éléphant blanc choqué par une demande aussi effrontée, réfléchit un moment et se dit que ceci devait être. Il répondit :
– Te rends-tu compte de ce que tu me demandes ?
L’homme restait silencieux.

– D’accord, si cela peut te rendre service, frère humain, je te donne une de mes défenses. As-tu un outil pour la couper ?
– J’ai apporté une scie ! » répondit promptement l’avide personnage.

Alors l’éléphant se coucha et se laissa couper une défense.
L’homme, enjoué, reprit :
– Mon cher éléphant, une défense ne va pas sans l’autre. Laisse-moi te couper aussi l’autre ; comme cela, je ne serai pas obligé de revenir quand j’aurai dépensé l’argent de la première.

 

L’aplomb et l’outrecuidance de cet homme porta à son comble l’étonnement de l’éléphant blanc :
– Tu vas me laisser sans défenses ?
Ne penses-tu pas que je tenais à mes défenses et qu’elles me manqueront?
Elles me permettaient aussi de rester en vie ! Mais… si tu penses, frère humain, que vraiment elles te rendront service, emporte-les et fais ce qui te semble juste !
Prend ma seconde défense ! répondit affectueusement Mana.

Le personnage sans foi ni loi, emporta les défenses sans le moindre mot de remerciement. Il les vendit un très bon prix aux artisans de Varanasi.
Il mena une vie insouciante pendant quelques temps, et dilapida l’argent de la vente. Alors, il retourna dans la forêt himalayenne trouver l’éléphant au grand cœur et lui dit :
– Éléphant blanc, j’ai vendu tes défenses, mais l’argent s’est envolé !
Me voilà de nouveau dans la misère, mourant de faim ! Aie pitié ! Donne-moi les restes de tes défenses que je les vende aussi.

– Comment t’appelles-tu, homme sans nom ? » demanda Mana l’éléphant.
– Goruk, répondit l’homme avec un petit rictus qui déforma son sourire gêné.

L’éléphant blanc observa longuement cet homme cupide. Il perçut son âme perdue, emprisonnée dans toutes ces enveloppes grossières, ces passions, ces envies, ces jalousies.

Il se dit que, puisqu’il avait donné ses défenses, il pouvait bien en donner les restes. Et il les lui donna. Goruk, les lui coupa et s’en alla sans mot dire.


Toutes les créatures étaient en émoi..

 

Les oiseaux, qui avaient tout vu, colportèrent la nouvelle partout dans l’immense forêt. Toutes les créatures étaient en émoi, ne comprenant pas ce comportement indigne d’une créature, ces gestes dictés uniquement par l’appât du gain.
Chacun avait son avis. Mais ils étaient tous d’accord pour condamner ce comportement .
Cela arriva jusqu’aux oreilles de Seigneur le Tigre qui, outré, suivit l’avis général des animaux. C’était trop !…

 

Qu’il aille en paix !

 

Bien sûr, encore une fois, l’argent ne fut pas long à disparaître et le cupide Goruk reprit pour la troisième fois le chemin de la forêt himalayenne. Sans ambages, il déclara à l’éléphant blanc :
– Tu m’as donné tes défenses, tu m’as donné leurs restes, eh bien, maintenant, tu peux bien me donner les racines ! Elles ne te servent à rien et moi je pourrais les vendre !

Mana au grand cœur convint que, si les restes allaient avec les défenses, les racines aussi en faisaient partie.
Il se coucha afin de permettre à l’ ingrat Goruk de s’emparer des racines de ses défenses.
Goruk saisit la tête de Mana et creusa à la place où, auparavant, jaillissaient de magnifiques défenses, jusqu’à ce qu’il eût extrait les deux racines. Il les prit et s’éloigna, tout heureux à l’idée de la bonne somme qu’il allait en tirer.

 

Pas un mot vers Mana, l’éléphant.

L’éléphant blanc le regarda partir, le cœur compatissant, et pensa :
Je lui ai accordé tout ce qu’il m’a demandé. J’espère lui avoir rendu service. Qu’il aille en paix !

 

Mais les oiseaux de la forêt ne l’entendirent pas de cette oreille

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Ils se mirent à piailler d’indignation et alertèrent la forêt entière.

 

L’homme qui avait pris le chemin du retour se retrouva soudain entouré d’une multitude d’animaux qui lui faisait une barrière aussi inextricable que les arbres et les ronces de la première fois.

 Qu'on le juge!

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Les petits singes piaillaient : « qu’on le juge ! qu’on le juge ! »

 

 

-       « Formons un tribunal » brama le chef des cerfs. 

 

-       « oui, formons un tribunal » jappa le renard bleu. Tous les oiseaux de la forêt transmettèrent l’information : « on va former un tribunal ! que chaque famille envoies un représentant ! »     

 

La nouvelle se propagea à toute allure et des représentants des animaux de la forêt et des environs arrivèrent de partout.

 

 

On peut condamner les actes de cet homme si ingrat ! un jugement ? et vous ? qu’en pensez vous ? si vous deviez participer au jugement de cet homme, que diriez-vous ? 

 

Qu’est-ce qui est contre lui ? Qu'est-ce qui est pour lui ? 

 

 

N’hésitez pas à écrire vos avis, mais surtout, au-delà de vos opinions, prenez le temps. Faites une pause dans cette lecture. 

 

 

Adoptez une méthode simple qui vous permet de vous retrouver avec vous-même, de plonger en vous-même. Marcher, courir, méditer, prier, tricoter, toute action qui vous permet d’aller à l’intérieur de vous-même. Puis laisser monter les réponses intuitives de votre cœur. Evitez les raisonnements de votre mental.

 

 

 

 

 

 

 

« Votre vision devient claire

quand vous regardez dans votre cœur.

 

Celui qui regarde dehors, rêve.

 

Celui qui regarde dedans, s’éveille. »

 

Carl Young

 

 

 

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ÉPISODE 2 : le tribunal des animaux

 

Bonjour ! De nouveau ensemble ! Le temps, lui, ne s’arrête pas, et l’histoire continue.

 

Rappelons-nous. Sur le chemin du retour, Goruk se retrouve soudain entouré d’une multitude d’animaux qui lui font barrière. Les petits singes piaillent. Les oiseaux poussent des cris stridents. Des animaux arrivent de partout. Cela devient sérieux. Il n’a jamais vu tant d’animaux réunis au même lieu en même temps et qui ne se mangent pas mutuellement. Un chacal étrangement bleu et une panthère noire le poussent jusqu’à une clairière. 

-       « nous sommes le service d’ordre » dirent-ils en cœur.

Un très grand cerf, et un vieux vautour qui mâchait de la gomme d’acacia annoncent :

- « nous serons les juges ! »

Tout autour se sont installés les autres animaux. Les singes ricanent. Les perruches à colliers jacassent avec les perroquets. Un éléphant barissant de colère demande à être l’accusation. Un colibri se propose pour être l’avocat.

Goruk ne desespére pas encore de trouver une ruse ou une entourloupe pour se sortir d’affaire. Soudain… des feulements. Les feuilles des arbres tremblent. Frémissements. Silence lourd. Le grand tigre du Bengale approche. 

 

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Un tigre mangeur d’homme ! Là, c’est trop pour Goruk ! Affolé, il essaie de s’enfuir en sautant au dessus de buissons, mais les animaux l’encerclent de nouveau. Il est pris au piège. 

 

Mana, encore tout étourdi, entend tout ce vacarme là-bas, au loin, venant de la clairière. Des petits singes sautent devant lui en hurlant : « dépêchons-nous ! on va rater le début du procés ! ». Et puis il entend les grognements menaçants du prince de la forêt. 

« Mais qu’est-ce qui se passe là bas » se dit-il, en se déplaçant vers la clairière.

Quelle surprise ! tous ces animaux réunis là ! 

- « qu’est-ce qui se passe içi ? »

- « nous voulons juger cet humain. Ce qu’il t’a fait est un affront et crime envers tous les animaux. »

Impérial, le tigre prend place devant le tribunal.

L’homme se jeta aux pieds de Mana et s’écria : « Protège-moi, éléphant ! C’est moi, goruk. Sauves-moi ! ».

Le tigre, d’une voix tonitruante s’adresse alors au roi des éléphants.

 

Oh toi, grand sage Mana !

 

-       « Oh toi ! Grand sage, cet humain t’as humilié en te privant de tes seules défenses. Il t’a manqué de respect. En faisant cela il nous a tous humiliés ! Il a montré une fois de plus, comment étaient ses semblables. Je demande une peine exemplaire. Lui manger un bras serait une bonne punition ! et puis s’il trouve que ce n’est pas équilibré je lui mangerai l’autre aussi ! Qu’en penses-tu ? »

-        « Oui qu’on lui mange les bras ! qu’on lui mange les bras » clame la foule excitée.

-       « C’est un pauvre bougre rongé par ses envies, choses que nous ne connaissaons pas ou si peu, nous, animaux des forêts. » objecte le colibri pour défendre son client. Mais sa voix fluette, se perd dans le brouhaha des bavardages du public. 

Goruk tremble comme les feuilles d’un peuplier un jour de tornade.

 

A son tour, Mana répond doucement :


- « Nous subissons tous les conséquences de nos actes, de nos paroles, de nos pensées. Laissez-le cueillir lui-même les fruits de ses agissements. Pour ma part je le remercie de m’avoir obligé à me détacher de mes défenses si utiles dans ce monde ci.
Mais que ferais-je avec elles dans l’autre monde ? Je suis en paix avec lui.
Apaisez votre colère mes amis, et osez donnez. Demandez-vous, si, à un moment ou un autre, chacun d’entre vous, n’êtes pas devenu aveugle à la situation de l’autre, juste par appât du gain, par avidité en voulant manger plus que ce qu’il nous fallait, ou par peur de perdre ses acquis et son confort !
Valons-nous mieux que lui ?  Un grand sage m’a enseigné quand j’étais plus jeune. C’était un homme qui connaissait le langage des animaux.
Il m’a donné le conseil suivant : Prie pour tes ennemis et les personnes qui te font souffrir. »
- « Mais, bon roi des éléphants, s’exclame le tigre, si je maudis celui qui me fait du mal et que cela le détruit, moi cela me satisfait ! Je bave déjà à l’idée de lui manger un bras à cet avorton ! »
- « Tu seras satisfait de façon égoïste, mais le seras-tu au fond de ton cœur ? La conscience au fond de toi, sera-t-elle satisfaite ? »
- « C’est ça ! Et je vais passer pour un imbécile et un faible ! » grommelle le tigre.
- « Tu ne passeras pour un imbécile qu’aux yeux des ignorants. Nous, animaux, avons tendance à maudire nos ennemis. Prier pour eux, nous fait apparaître faibles et sans défenses. Mais si vous paraissez faibles extérieurement, vous manifestez, dans la vérité de votre être, la vraie force du caractère. »

Les sauterelles s’exclament à leur tour : « Oh ! Roi bien-aimé, tu as sacrifié beaucoup de toi.

Mais à lui, cela sert à quoi ce que tu as fait ?

Est-ce vraiment utile ? Est-ce vraiment sage ? »

 Et Mana répond :
- « Je ne sais pas. C’était ce que je devais faire. Ce que je dois faire en toute occasion, c’est donner. Dieu seul sait ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Il est la force invisible qui préside à chacun de nos gestes. »

 

L’éléphant répondit doucement :

 

- Laissez-le aller.
Nous subissons tous les conséquences de nos actes, de nos paroles, de nos pensées. Laissez-le cueillir lui-même les fruits de ses agissements.
Pour ma part je le remercie de m’avoir obligé à me détacher de mes défenses si utiles dans ce monde ci. Mais que ferais-je avec elles dans l’autre monde ?
Je suis en paix avec lui.  Apaisez votre colère mes amis et donnez.
Demandez-vous, si, à un moment ou un autre, chacun d’entre vous, n’êtes pas devenu aveugle à la condition de l’autre, juste par appât du gain, par avidité ou par peur de perdre ses acquis et son confort de vie!
Valons-nous mieux que lui ?
Un grand sage m’a enseigné quand j’étais plus jeune. C’était un homme qui connaissait le langage des animaux.
Il m’a donné le conseil suivant : Prie pour tes ennemis et les personnes qui te font souffrir.
- Mais, bon roi des éléphants, s’exclama le tigre, si je maudis celui qui me fait du mal et que cela le détruit, moi cela me satisfait ! Je bave déjà à l’idée de lui manger un bras à cet avorton !
-Tu seras satisfait de façon égoïste, mais le seras-tu au fond de ton cœur ? La conscience au fond de toi, sera-t-elle satisfaite ?
- Mais, je vais passer pour un imbécile et un faible ! » Grommela le tigre.
- Tu ne passeras pour un imbécile qu’aux yeux des ignorants.
Nous, animaux, avons tendance à maudire nos ennemis. Prier pour eux, nous fait apparaître faibles et sans défenses.
Mais si vous paraissez faibles extérieurement, vous manifestez, dans la vérité de votre être, la vraie force du caractère.

 

Mais à lui, cela sert à quoi ce que tu as fait ?

Les sauterelles s’exclamèrent à leur tour : Oh ! Roi bien-aimé, tu as sacrifié beaucoup de toi. Mais à lui, cela sert à quoi ce que tu as fait ? Est-ce vraiment utile ? Est-ce vraiment sage ? Et Mana répondit :
- Je ne sais pas. C’était ce que je devais faire.
Ce que je dois faire en toute occasion, c’est donner. Dieu seul sait ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Il est la force invisible qui préside à chacun de nos gestes.

 

 

Mana raconta alors l’histoire suivante

 

Lorsque j’étais jeune, j’avais soif de connaissance. Je la cherchais partout dans le monde. Ma recherche n’avait pas de fin. J’étais curieux de tout.
J’avais la certitude que, pour être plus sage et plus intelligent, il fallait accumuler beaucoup de connaissances variées.
Cette quête perpétuelle du savoir dura des années, et des années. Je courais partout de par le monde.
Chaque jour me voyait devenir plus sec, plus décharné, plus fatigué.
Harassé, je cherchais à rejoindre un sage dont on m’avait parlé à Palmyra en Syrie.
Je me perdis dans un désert sans fin.
J’avais tellement soif ! C’était clair que j’allais mourir là, loin de chez moi, en toute absurdité.

 

Le prince Hatim 

Et je m’écroulais…quand soudain des hommes me secoururent et m’amenèrent jusqu’au campement d’un prince Taï appelé Hatim.

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Cette homme me soigna, me reçut comme un roi, me choya alors qu’il ne connaissait rien de moi.
Mon cœur fût touché par sa compassion. Il me fît forte impression.

 Des hommes me racontèrent qu’il était connu dans les villes et les déserts de toute la Syrie pour sa générosité extrême, à tel point que cela avait même rendu jaloux le roi du Yémen. Tous les jours étaient jour de festin en mon honneur.

 

Arriva un homme qui demanda asile pour la nuit. Il avait l’air louche, dépenaillé comme moi. Le prince Hatim le reçut de la même façon que moi. Il le reçut comme un frère, et ordonna un festin sur le champ.

L’homme resta plusieurs jours, puis, à regret, se résigna à reprendre sa route.
- Une affaire importante m’attend à Palmyra, dit-il à Hatim.
- Puis-je t’aider ? demanda le jeune prince.

L’autre, à voix basse lui révéla qu’il devait tuer Hatim Taï, sur l’ordre du roi du Yémen. Il ajouta : Je suis pauvre, je vis de meurtres et je dois accomplir celui-là. Si tu veux me rendre service, après m’avoir reçu comme jamais je le fus, décris-moi ce noble qu’il me faut abattre, car je n’ai jamais vu son visage.

Hatim se mit à rire, s’inclina, et posant la main sur sa poitrine, répondit :
- Cher invité, ne va pas plus loin car je suis Hatim Taï, celui que tu cherches. Prend ma tête, je te l’offre. Ramène-la à ton roi, car tu dois tenir ta parole et mener à bien le travail qui t’a été confié.


Le malandrin, entendant ces paroles, tomba à genoux devant Hatim et baisa le sol en gémissant. Il se mit à pleurer à chaude larmes.
- Si je te tue, lui dit-il, que le sable du désert dévore mon corps jusqu’à le réduire en poussière.

Hatim le releva, lui fit donner des provisions et l’assassin s’en revint au Yémen. Ce n’était plus un assassin.
La générosité et la bonté d’ Hatim l’avaient touché si profondément, que son cœur si dur jusqu’alors, s’était ouvert et attendri.
Quand le roi du Yémen apprit son histoire, il admit qu’aucun être au monde n’était plus généreux qu’ Hatim. Il le respecta et le considéra comme un saint homme.
La légende d’ Hatim se raconte encore en Syrie aujourd’hui et dans les pays alentours. Son tombeau est devenu lieu de pèlerinage.

Je n’ai jamais oublié le prince Hatim et m’efforce de trouver la volonté de donner à tous ceux qui me croisent et demandent. C’est ainsi que s’est dessinée ma vie.

 

Goruk n’avait jamais vu, ni ressenti un tel amour jusqu’à ce jour 

Les animaux impressionnés s’écartèrent alors. Goruk l’impudent qui croyait sa dernière heure arrivée, regarda cet éléphant qui, jusque-là ne représentait pour lui, qu’une banque à ivoire. Il était là, devant cet éléphant aux plaies sanglantes à la place des défenses.
Il était là devant une créature qui rayonnait d’un amour si tendre! Il n’avait jamais vu, ni ressenti un tel amour jusqu’à ce jour. De la chaleur envahit sa poitrine.
Goruk sentit des sanglots monter comme un raz de marée tellement fort, qu’il en tombât à genoux. Il pleura toutes les larmes de son corps. Il avait soudain honte de sa méchanceté, de son ingratitude et regrettait sincèrement et de tout son cœur de ne pouvoir revenir en arrière. Mana le réconfortât et lui souhaita bonne vie.

 

 Dans la forêt, l’on ne revit jamais Goruk l’impudent.

 

 

 

 ÉPISODE 3: La girafe aventureuse.

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Mana s’était finalement installé dans la clairière. Il pouvait ainsi recevoir les hôtes de passage et tous ceux qui lui demandait conseil. Il les recevait le soir autour d’un feu de camp improvisé, assis sur de vieilles caisses en bois et mana racontait l’histoire du prince Hatim ou parlait de la vraie connaissance, celle qu’on ne trouve en allant très profondémment au fond de son cœur.  Et tous  restaient alors de longues heures silencieuses, les uns à contempler la danse des flammes dans le feu, d’autres à regarder les étoiles cligner malicieusement des yeux, dautres encore à méditer ces paroles si déconcertantes, ou à plonger leur attention à la recherche de la lumière et de l’amour dans leur cœur.

 

Les années passèrent. Un jour, une jeune girafe venue d’afrique arriva dans les forêts Himalayennes. Comme Mana quelques années auparavant, elle avait décidé de quitter les siens, de quitter son train-train quotidien et de partir à l’aventure, de partir à la rencontre d’êtres au-delà de l’ordinaire, capables de lui enseigner la vérité. Elle avait entendu parler de Mana l’éléphant dont la réputation avait dépassé les frontières de l’Inde. Son voyage avait été très fatiguant. Elle avait beaucoup marché, souvent courbée pour ne pas se faire repérer par les prédateurs. Enfin arrivée, elle pût se reposer.   

 

Le soir, après avoir été boire à la rivière, Mana et elle s’asseyaient tous les deux autour du feu, dans la clairière, et avaient de longues discussions. Elle posait des questions. Il répondait de bonne grâce. Les animaux des environs en profitaient pour se joindre à eux. 

 

 

 

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Ainsi Ujala la grenouille raconta que les oiseaux lui avaient donné des nouvelles de Goruk. Elle raconta comment il était connu maintenant comme un homme brave, honnête et généreux. Tout le monde s’émerveillait de ce changement miraculeux et louait les talents de Mana.

 

Mana leur répondit : «  il n’y a aucun talent là-dessous. Seul l’amour a permis ce miracle.

La girafe, connue pour son grand cœur demanda : « D'où vient l’amour ? »

 Mana :  On sait juste qu’il surgit en nous, nous illumine, nous habite parfois longtemps, parfois brièvement.  Imprévisible, il nous révèle, nous grandit et parfois nous désespère. Il surgit de cet endroit paisible, de cet oasis, peut-être une île, au fond de notre cœur. Il régénère tout sur cette terre."

Après un pause méditative, Mana l’éléphant continua :

"Dans le monde des hommes et des femmes de cette étrange planète, les guerres, la violence, la misère, l'injustice font rage depuis des générations. Mais bizarrement les hommes sont aussi capables d’exprimer beauté, créativité, tendresse. J’ai même rencontré des êtres humains capables d’une compassion extraordinaire, et d’autres capables, de se sacrifier pour leur congénères d’autres d’aimer au-delà d’eux même.

Lors de mon périple en Afrique, j’ai été  étonné de rencontrer des hommes de foi, des hommes  capables de courage, des êtres humains détruits qui arrivaient malgré tout, à se reconstruire, à espérer, à s'entraider, d’autres à aimer sans conditions, et quelquefois même durablement.

J’en ai déduit que toutes ces qualités étaient cachées dans le cœur de l’homme. Mais qu’elles étaient enveloppées, emmaillotées par notre avidité, nos jalousies, notre sentiment d’importance, notre égoïsme, etc.."

 Se tournant vers la girafe, il continue :

"Il nous est nécessaire alors de faire en sorte d’écarter ces voiles de vibrations trop lourdes ou de les rendre plus légers en faisant fondre leurs lourdeurs.

Quelquefois un choc salutaire permet l’entrebâillement de ces voiles et la grâce du moment peut apparaître dans toute la beauté de sa simplicité.

Mais de façon plus durable, l’amour peut faire fondre ces opacités, rendre les voiles plus légers et aider la personne à retrouver le chemin de son cœur et exprimer à nouveau les qualités de cœur."

 Et il ajouta : 

 

« L’amour est toujours là, au fond de notre cœur. Notre égo protège nos blessures de défenses variées, de masques. Nos attentes polluent notre cœur d’une myriade d’émotions qui nous empêchent de contacter notre vraie nature, d’accepter la vie comme elle est, d’aimer sans conditions. Il faut alors cultiver cet amour tous les jours comme une fleur au milieu du désert, pour qu’il devienne chaque jour un peu plus grand, un peu plus souriant."

 

"Que ces mots illuminent votre chemin

et que l’amour inconditionnel enchante votre cœur. »

 

 

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De retour chez elle, elle raconta ses entrevues avec Mana l’éléphant à tous ses amis, notamment à l’un de ses amis humains, un ami américain qui s’appelait Marshall.

 

Marshall Rosenberg s’inspira d’elle pour enseigner aux autres humains comment résoudre les tensions pacifiquement entre les hommes.

 

 

 

 

 

L’histoire de Mana l’éléphant a traversé le temps et les continents. Son histoire s’est inscrite dans notre mémoire collective. Est-ce lié à cette extrême façon d’incarner la bonté ? Ou, peut-être est-ce lié aux derniers moments de sa vie où il a impressionné le monde par son amour et son abandon ? 

 

 

  

 

 

 

ÉPISODE 4 : MANA S'EN VA !

 

"Les petits et les grands pleurent ton absence. Nous pensons à toi, et ton coeur soleil réchauffe nos coeurs " 

 

 

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Tous les deux, nous ne formions qu’un. Son écorce rugueuse imprimait la peau de mes mains, de mes bras, de mon ventre. Immense colonne de respiration entre terre et ciel. Sensation de rectitude absolue. J’étais arbre. J’étais arbre avec lui. Un craquement de branches derrière moi me fît tressaillir. Qu’est-ce que je fais là ? Tiens ! je suis dans l’histoire ! Enlaçé autour du tronc d’un immense Erable, j’ouvre les yeux sur la forêt environnante.

 

Derrière moi, Ludwik, lutin souriant, m’invite joyeusement et silencieusement à rejoindre le groupe de jeunes gens qui, comme moi, se sont éparpillés dans la forêt. Je prend congé de mon arbre en le remerciant de ce moment de communion et de régénération, et lui dit à quel point je l’apprécie. 

 

Nous arrivons dans une clairière éclairée par un grand feu de camp. Une bouilloire noircie par les flammes siffle joyeusement sa vapeur, promesse d’un thé réparateur. Autour du feu, une quinzaine de jeunes gens assis sur de vieilles caisses en bois, ainsi qu’une quinzaine de personnes plus agées, musiciens, danseurs traditionnels, shamans, et Jerzi. Ces jeunes  arrivés de tous les pays du monde, réunis pour l’occasion par Jerzi Growtovski et son théâtre des sources. Notre veille de nuit fût nourrie de multiples échanges artistiques avec ces artistes traditionnels, venus de forêts de différents continents. Jeux corporels, chants improvisés, danses traditionnelles, musique… Et puis, au petit matin, pause chaï. Notre guide, Anand nous avait raconté cette  histoire de Mana.  

 

 -     Anand, elle est incroyable ton histoire de Mana

 

-     Depuis que je suis petit, cette histoire se raconte régulièrement dans ma famille et c’est toujours une source de joie profonde de la raconter. 

 

-     Merçi beaucoup Anand

 

-     Tu habites içi ? 

 

-    J ’habite à Naïnital, à plusieurs heures de route d’içi. Mon père a vécu prés de Mana et m’a raconté la fin de son histoire sur notre terre.

 

-    Oh, s’il te plaît racontes-nous !

 

-    C’est pas très gai vous savez…

 

-   Racontes nous ! allez !

 

Alors Anand repris. Cette fois çi les musiciens ne l’accompagnèrent pas. Il n’y eût plus de danse. La fatigue ? Peut-être. Le silence était attentif. Être témoin du sublime de la vie d’un être au-delà de l’ordinaire, éveille la noblesse de nos cœurs. Autour de ce feu, c’était comme s’Il était là, avec nous. C’était fort et innatendu. 

 

 

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-  « La nouvelle de sa bonté et de sa sagesse s’était répandue comme un rayon de soleil au levant. Le nom de Mana était connu partout dans le pays. Les colporteurs et les marchands racontaient son histoire  jusque dans des pays lointains comme la Perse, la Grèce,et même l’Afrique. La girafe au grand cœur, admiratrice et disciple,  transmis son message dans toute l’Afrique et même, dit-on dans des pays encore plus lointains, là-bas derrière le grand océan atlantique. La bonté légendaire de Mana, son extrême gentillesse, son amour pour les créatures, attiraient toujours plus de monde autour de Lui.

 

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Il ne pouvait plus se déplacer sans qu’une nuée de créatures s’agglutinent autour de Lui. Certains l’appelaient grand sage, d’autre Mahatma, d’autres Maître. 

 

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Et lui observait cela, étonné, surpris de ces files de créatures qui attendaient tous quelque chose de Lui. Leurs sourires carnassiers, leurs mains prêtes à saisir n’importe quel objet lui faisaient peur parfois. Mais il se disait que c’était le lot que Dieu avait choisi pour lui, alors il acceptait de tout son cœur aimant l’inacceptable, comme il l’avait toujours fait. 

 

Chaque jour qui passait voyait les mêmes défilés. Chaque jour qui passait ne le voyait pas vieillir. Sa peau scintillait d’une couleur dorée. Mais, au plus les gens et les créatures défilaient, au plus il se sentait démuni. Il essayait bien de les conseiller mais cela ne lui semblait pas juste et ni approprié. Alors il décida de rester silencieux . Les créatures humaines ou animales s’asseyaient autout de lui en silence. Finalement, ils fermèrent leurs yeux et méditèrent ensemble. Puis d’autres arrivaient et le même scénario se reproduisait. Mais souvent les participants demandaient des bénédictions pour leurs proches. Ils amenaient des photos, voulaient qu’il touche des objets devenus reliques. Mana était vraiment très embêté. Il ne pouvait pas hausser les épaules, alors il balançait négligemment sa trompe.

Un soir où des villageois voisins venaient lui demander conseil, il balança de nouveau sa trompe. Cette dernière toucha le sol et souleva un petit nuage de poussière. Et là, stupeur, la poussière se transforma en poudre d’or !

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Ce fût le brouhaha le plus total. Les villageois se mirent à ramasser fébrilement la poussière d’or.

-   Mais papa ! qu’est-ce que tu fait ? s’écria un petit garçon.

-   Je ramasse de l’or ! Nous allons être riches !

-    Mais papa, c’est juste le reflet du soleil dans la poussière !

-    Ah bon ! alors regarde celle qu’il y a dans ma poche. Il n’y a pas de soleil et elle brille toujours comme l’or je te dis !

-    Ouah, c’est comme de la poussière de soleil qui brille toute seule !

-     C’est de l’or je te dis, cela viens de la terre, pas du soleil !

Un autre voisin avança timidement : 

-    C’est peut être comme une irradiation. Peut-être Mana est radioactif…

-    Radioactif par la lumière du soleil ? rétorqua un autre.

 

Mana écoutait ces dialogues, consterné. Il se permis d’intervenir : 

«  les trésors ne sont pas à l’extérieur. Ils ne sont pas dans cette clairière, mais dans votre forêt intérieur. »

La nouvelle de la poussière d’or se propagea au-delà des villages voisins et chacun de venir recueillir ce trésor incroyable, cette poudre d’or ! Les foules devenaient de plus en plus importantes. L’éléphant blanc au cœur d’or, ne dormait plus et recevait les uns et les autres par groupes maintenant. 

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 Des kilomètres de files se déroulaient à travers la brousse jusqu’à la clairière où il avait élu domicile. Les proches de Mana avaient beau essayer de réguler un peu les arrivées. Pas moyen. Mana balançait sa trompe jour et nuit. Il ne prenait plus le temps de manger. Pendant qu’il balançait sa trompe pour changer la poussière en or, deux assistants, un rhinicéros et un grand cerf Sambar, lui portaient la nourriture à la bouche pour qu’il ne s’arrête pas. Il balançait sa trompe encore et encore, et chaque demandeur repartait satisfait avec de l’or plein les poches

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Et il balançait sa trompe, il balançait encore, et les gens étaient contents. La nouvelle se propagea encore plus loin. Des curieux et des avides arrivèrent de partout pour voir ou pour prendre, et bénéficier des grâces du saint éléphant. 

 

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Et Lui balançait, balançait… balançait…. sa trompe. Exténué, ne tenant plus sur ses jambes, soutenu par ses aides, il continuait à battre la trompe au rythme de son cœur.

 

Aussitôt qu’il s’arrêtait de balancer sa trompe. Ses jambes lui faisaient horriblement mal. Il ne tenait plus debout. « Mana reposes-toi ! Nous allons faire venir des médecins, mais je t’en prie Mana reposes-toi! » pleurait le cerf sambar. 

Mon père, médecin à Naïnital vint avec des confrères de Kalagarth. Ils lui donnèrent remèdes et conseils sages et savants, que Mana écouta avec respect.

Ses proches insistèrent pour que Mana se repose le soir et n’accueille plus la nuit. Il accepta. 

Mais dès qu’il sentait la présence des personnes dehors, une attirance impérieuse le faisait se lever de sa couche et rejoindre les visiteurs, pour poursuivre sa mission : que tous deviennent des cœurs en or !  Et il balançait, balançait, balançait sa trompe. 

 

 

 

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A partir de ce moment, le soir, les proches de Mana, les animaux de la forêt, veillaient, assis sur de vieilles caisses en bois, autour d’un feu qui faisait danser les ombres de la clairière. Ils étaient inquiets, silencieux. Et puis un matin, ils l’entendirent gémir : « Je suis fatigué ».  Mana sortit de sa case et répéta : « Je suis tellement fatigué ». Et il tomba de tout son poids sur le côté. Le soleil levant rosissait ses joues ridées. Une grosse larme coula lentement, très lentement, de sa paupière mi close. et glissa sur sa joue rose de soleil. Ses paupières se fermèrent. Son cœur fatigué arrêta de battre. Son âme flotta au-dessus de lui et puis s’envola légère. 

La larme sur sa joue continua son chemin, et toucha le sol en faisant « clop » ; alors, la clairière s’illumina de lumière. 

  

 

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Toute la poussière de la savane devînt lumière. Au même moment, partout dans le monde, dans les villages, dans les mains, dans les poches, dans les coffres, dans la terre, dans les banques, la poussière d’or se transforma en lumière resplendissante.  

 

Tout le monde comprit que quelque chose se passait. La nouvelle du départ de Mana pour l’autre monde se répandit rapidement. Ce fût l’effroi et la peine. Les gens étaient en même temps tristes et émerveillés. Ils ne savaient plus quoi penser. Ils avaient gagné de la lumière qui les rendait légers et joyeux. La poussière d’or transmutée par l’amour de Mana s’était transformée en lumière. La grâce flottait partout comme le soupir de reconnaissance de la Nature. 

 

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La nuit,  l’on voyait des maisons tout illuminées de l’intérieur. Les villages illuminés faisaient concurrence aux étoiles ! Les enfants étaient joyeux et heureux. Mais les plus grands se disaient : « quand même ! on a perdu notre or. De quoi sommes-nous riches ? se disaient-ils. 

 

 

Une semaine passa ainsi, avec la moitié de la planète terre illuminée. Certains firent de la musique, d’autres chantèrent, d’autres réfléchissaient, d’autres priaient et méditaient.

 

 

Le septième jour, la lumière se mît à devenir légèrement plus faible. La plupart ne se rendit pas compte que la lumière baissait.

Le huitième jour la lumière baissa beaucoup plus, et les inquiets allumèrent des bougies, firent brûler des torches, firent du feu à côté, comme pour redonner de la force à la lumière. 

 

Mais le neuvième jour la lumière s’éteignît. Le soir ne scintillait plus. La lumière était éteinte partout. Partout..20190102_174726355_iOS.jpg 

 

 

Partout, sauf dans une maison. La maison d’une famille réunie sur leur terrasse. Les parents, les enfants se racontaient, avec reconnaissance, l’histoire de Mana l’éléphant au cœur d’or. Ils se remémoraient avec amour, les sacrifices de cet être hors du commun qu’ils avaient eu la chance de côtoyer. Ils continuèrent ainsi tous les soirs pendant encore sept jours. Et chaque soir leur amour pour Mana était plus solide et évident. Et chaque fois, le même miracle : la lumière était là. 

  

 

Le quatorzième jour, alors que la maman racontait de nouveau un passage de la vie de Mana, vous savez, lorsqu’il donna ses défenses jusqu’à se trouver sans défenses. La maman s’arrêta en plein milieu d’une phrase. Tout était blanc dans sa tête. Plus rien ne venait. Plus rien ne venait aux autres non plus, le papa, les enfants, tout le monde, était comme suspendu au silence des lèvres de la maman. Plus une seule parole. Le temps s’était arrêté. Un silence comme en suspension dans le cosmos chuchotait en leur cœur. Ils étaient reliés à tous les êtres vivants de l’univers. Tout était à sa place. Immuable. Simple.  

 

L’amour du cœur les emmena loin, loin … dans une autre contrée : dans la plaine des éléphants blancs, là où tout est quiétude, calme et paix totale. Il n’y avait personne dans cette plaine immense, mais tous sentirent Sa Présence. La présence bienveillante de Mana. Un des enfants le vît, un autre cru l’entendre, mais tous se sentirent submergés d’amour. Certains entendirent clairement : « Cette lumière que vous entretenez, vient de vos cœurs unis au mien. Cette lumière est dans chacun de vos cœurs à jamais. Si vous voulez retrouver cette lumière légère, si légère, et la faire grandir, plongez dans votre cœur.  

 

Écoutez attentivement votre cœur, et si vous insistez, jour après jour, vous l’entendrez murmurer de doux chants de joie et de béatitude. Insistez, entraînez-vous, tournez votre attention à l'intérieur avec espoir et attendez. Le Bien-aimé vient toujours au rendez-vous. Je serais toujours là pour vous, à chaque instant de votre vie »

 

C’est ainsi que cette famille continua à cultiver le souvenir de Mana, et à raconter l’histoire de Mana l’éléphant, à leurs enfants, petits-enfants, voisins et visiteurs. 

 

 

 

Et voilà comment cette histoire est arrivée jusqu’à nos oreilles et se termine maintenant.

 

    Au revoir Mana. Nous pensons tous à Toi.

 

« Pourquoi au revoir ? » murmura la voix de Mana.

 

 

« Maintenant que vous connaissez mon histoire, regardez au fond de votre coeur, vous y trouverez l'amour. A vous de le cultiver.

Je serais toujours là pour vous rappeler le chemin de l'amour»

 

 

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Papiguy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



06/03/2016
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