Contes de coeur de Papiguy

Contes de coeur de Papiguy

3 LA CHASSE AUX SOUPIRS

Les petites histoires des trois frères Canfield n°3 : la chasse aux soupirs

 

Résumé :

Conformément à leur promesse d’enfants, les trois frères Canfield, Polo, Jack et Dany se retrouvèrent  dix ans plus tard à Montpellier. Ils allaient rejoindre leur ancien orphelinat et sœur Marie Madeleine à Serverette, en Lozère. Polo avait maintenant 18 ans. Son petit chiot était devenu un magnifique chien au pelage fauve.  Jack avait juste 20 ans. Il vivait aux États Unis chez sa tante. Dany ou Dan avait 22 ans. Qu’avait fait Dan pendant tout ce temps ? Personne ne le savait.

 

 

Les trois frères prirent un petit train de campagne à Montpellier pour Marvejols. Commença un long voyage, qui leur donnait le loisir de se raconter leurs histoires.

 

- « Allez Dan, c’est à toi de raconter ton histoire !

As-tu vécu des choses extraordinaires ? »

- « Oh non, moi vous savez, j’ai surtout étudié.»

-  « je me rappelle que quand tu étais petit, tu chassais des papillons, mais je ne sais plus pourquoi ! tu faisais des raids avec ton copain en vélo, très loin, pour trouver un papillon spécial, non ?

-  Ah ! les papillons… vous voulez savoir pourquoi ? ….  Durant les premières années à l’orphelinat, je me languissais de maman qui n’était plus là. Alors je soupirais.

 

 

 

Un jour, alors que je soupirais une fois de plus, j’ai senti une vague d’amour remplir mon cœur.

C’était drôle ce mélange de tristesse, de douceur et d’amour. Comme un bonbon au goût amer d’abord, puis sucré sur la fin.

 

La douceur de l’amour maternel venait calmer l’amertume de la séparation.

 

Alors j’ai essayé de soupirer de nouveau, pour ressentir cet état.

Cela ne marchait plus.  

Alors je me suis dit qu’il devait y avoir des soupirs partout dans la campagne,

sous les arbres,

derrière les buissons,

aux coins des rues,

près des fontaines,

sous les gouttières,

et que, si je les attrapais,

je pourrais me remplir le cœur de l’amour des mamans.

Je me suis construit une petit épuisette à capturer les soupirs. Et j’ai commencé à les chasser.

J’ai entendu plein de soupirs,

sous les bancs publics,

dans les églises,

dans les jardins,

sous les tonnelles,

sous le tilleul de la place du village,

près des étables,

au bord de la rivière.

Beaucoup de soupirs !

Il y avait de longs soupirs langoureux,

des petits soupirs exaspérés,

des soupirs de découragement,

des soupirs de tristesse profonde,

des soupirs de colère,

des soupirs de fatigue,

et quelques soupirs d’amour chuchotés. Ceux-là étaient rares et difficiles à trouver. Mais je les trouvés !

J’en ai capturé dans mon épuisette !

 

Et pschitt ! Les voilà disparus au moindre coup de vent !

J’avais beau en trouver. J’avais beau les entendre… Pas moyen de les attraper !

 

 

 

 

Les vieux du village, assis sur leur banc, à l’ombre du grand frêne, me demandèrent ce que je cherchais.

Alors je leur ai expliquée ma chasse.

Ils sourirent doucement et me dirent :

« D’après nous, tu aurais plus de chances en chassant des papillons. On dit que l’amour est aussi léger qu’un vol de papillon. Le sais-tu ? »

-« non, pourquoi ? »

-« Il est comme le battement des cils des jeunes mamans qui se penchent sur le berceau de leur enfant. 

 

 

Un jour, une jeune maman, du village voisin de Rieutord, mît au monde un bébé très, très fragile. Il était frêle, et respirait difficilement. Toute la famille prenait grand soin de lui.

 

Mais, un matin, le bébé cessa de respirer.

La maman, folle de désespoir, prît son bébé contre elle. Elle criait, chantait, priait, pleurait. Son visage tout contre le visage de son bébé.

"Oh forces de la vie, restes avec mon enfant !" suppliait-elle.

Ses cils se mirent à battre de plus en plus vite, pour chasser les larmes qui emplissaient ses yeux.

Ses cils battaient de plus en plus vite.

Ses yeux embués virent alors comme des duvets de canards autour de la tête de son bébé.

Ce n’était pas des petites plumes. Non. C’étaient de tout-petits êtres féminins avec des ailes dans le dos, qui voletaient autour du bébé.

La mère Michèle dit qu’on appelle ces êtres des Devas.

Il y en avait une bonne vingtaine autour du visage du bébé, qui battaient leurs petites ailes, très fort.

La maman battait de ses beaux et longs cils.

Elle sentit comme une vibration, un léger courant d’air, s’infiltrer par le nez du bébé. Celui-ci eût un hoquet et inspira très fort. Il soupira ensuite dans un demi sanglot et ouvrit les yeux.

Les petites fées battirent des mains et disparurent dans un grand tourbillon, comme une nuée de papillons…

Les cils de la maman continuèrent de battre, mais cette fois ci, c’était pour sécher ses larmes de joie. »

Depuis ce jour, très impressionné par cette histoire, je me suis mis à chasser des papillons avec mon copain Hugo.

 

 

Les printemps fleuris de notre Lozère, coloriaient le ciel  de petites tâches sautillantes de toutes les couleurs : des milliers de papillons.

 

J’en ai attrapé beaucoup.

J’étais émerveillé par la beauté et la délicatesse de leurs couleurs. Je les admirais, je les respectais, j’aimais leur beauté.

Mais je ne sentais pas plus d’amour.

Je ne sentais pas Maman.

Mon copain, Hugo, me dît que c’était parce que je ne chassais pas les bons papillons. Il fallait que je trouve le roi des papillons, le Monarque.

« Mon père m’a dit qu’il avait vu une bande de Monarque dans une forêt de grands sapins, près du lac de Charpal. »

 

D’habitude, le Monarque vit aux Amériques et  dans les forêts de Michocàn près de Mexico. 

Hugo affirmait très doctement qu’il y en avait aussi à St Pierre en Martinique au jardin des papillons.

 

Pendant tout l’été, nous enfourchions nos vélos et disparaissions toute la journée.

Pendant tout l’été, nous enfourchions nos vélos et disparaissions toute la journée.

Pendant tout l’été, nous enfourchions nos vélos et disparaissions toute la journée, à la recherche du précieux Monarque.

De Serverette, nous allions en vélo jusqu’à St Ferréol !

Cela nous prenait trois bonnes heures, pour arriver jusqu’à la forêt. Il fallait réussir à effectuer nos recherches et à rentrer avant la tombée de la nuit.

Ce papillon était tellement rare qu’on pouvait bien faire cet effort!

J’avais tellement envie de le trouver que j’en avais la fièvre.

 

Et enfin, un jour, près d’un bouquet d’asclépiade, un monarque, imposant.

Hugo arme son filet, l’attrape.

On n’ose pas le toucher.

Il se débat dans le filet.

J’attends qu’il se passe quelque chose.

-« De voir ce si beau papillon emprisonné dans le filet me fait de la peine ! Hugo, on le relâche ? »

Hugo me regarde longuement.

Il comprend que je suis déçu : je n’ai pas senti l’amour tant attendu.

Il ouvre le filet, et le Monarque s’en va en planant doucement.

 

Le papillon se pose sur une feuille proche, et se met à nous parler :

« Vous ne trouverez pas l’amour en chassant des papillons ! Cherchez-le dans votre cœur ! »

 

Et le voilà parti…

 

 

 

Petits frères, voilà pourquoi j’ai dit à sœur Marie Madeleine que je voulais trouver le désir de mon cœur !

 

- OK, OK...mais qu’est-ce qui t’es arrivé au pensionnat chez les frères à Montpellier ?

 

Le train s’arrêta.

 

« Nîmes ! Ici Nîmes. 5minutes d’arrêt ! Correspondance pour Alès quai n° 2. Correspondance pour Marvejols-la Bastide-St Laurent-les-bains, quai n°3. »

 

Nos trois frères descendirent en gare de Nîmes.

Nous les retrouverons sûrement dans le train suivant, le mois prochain pour la suite des histoires de Dan le rêveur !

 

Papiguy au texte

et  Juliette à l'illustration.

 



27/05/2017
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