Contes de coeur de Papiguy

Contes de coeur de Papiguy

L’HOMME À LA CAPE VIDE

L’HOMME À LA CAPE VIDE : ensablés dans nos problèmes.

 

Ma petite famille et moi avons profité des vacances pour nous transformer en explorateurs. L’Afrique! Expédition au Nigéria, à la rencontre du lac Tchad.

Notre 4X4 s’est ensablé. Nous avons marché pour trouver de l’aide. Rien. Personne. Nous pensions être proches du lac Tchad et notre carte indiquait le village de Blangoua, près de la rivière Chari. Mais manifestement nous nous étions perdus. Un paysage très aride. Pas trace de lac. Pas trace de verdure. Juste quelques arbustes de ci de là.

 

Soudain, dans une dépression du terrain, nous aperçûmes au loin, quelques huttes en pailles cachées par des acacias et entourées de champs dévastés. La terre était dure et tassée. Sans doute la sécheresse. En bas de la colline, quelques rochers, et des clapotis qui nous laissent deviner le ruissellement d’un maigre filet d’eau. 

 

Dans le hameau poussiéreux, des femmes se reposent sur des nattes avec leurs bébés. Elles ont l’air fatiguées. Des enfants grattent la terre en riant et cherchent des racines bonnes à manger. Ils sont maigres, mais ils ont l’air heureux. Désorientés, nous entendons la misère nous hurler : qu’est-ce que vous faites ici ?

 

Le chef du hameau nous accueille chaleureusement et nous explique :

« Des  guerriers sont passés et nous ont pris notre troupeau. Nous sommes devenus pauvres avec la guerre, mais nous vous offrons l’hospitalité avec grand plaisir. Si vous voulez bien partager le repas avec nous. Dieu nous a proposé la pauvreté pour que nous soyons meilleurs.

Autour d’une tasse de thé, il ajoute :

« Un grillot Haoussa nous a dit : derrière tout problème il y a un cadeau. Mais, au lieu d’attendre le cadeau derrière le problème, nous sommes sûrs que le problème est le cadeau, et nous essayons de faire bon ménage avec le cadeau  de Dieu. Et Dieu nous gâtes vraiment car il est présent dans chacun de nos actes. Et nous nous débrouillons pour le reste. »

 

 Nous expliquons, à notre tour, notre situation. Il nous conseille de dormir là, ce soir, et que les hommes du village nous aideraient à désensabler le 4X4 le lendemain matin à l’aube.

 

Nous leur offrons nos provisions, et partageons un repas amélioré avec tous.

Ensuite, les vieux se mirent à raconter des histoires drôles qui faisaient rire tout le monde.

Puis je leur demandais comment ils faisaient pour l’eau. Ils nous expliquèrent que tous les matins, les femmes allaient chercher de l’eau dans une vallée située à un kilomètre d’ici.

« - mais pourquoi n’allez-vous pas capter l’eau de votre ruisseau, juste ici, en contrebas ?

Un silence s’établit alors. Plus personne n’osait parler. Puis finalement le plus ancien prît la parole.

Nous utilisons l’eau du ruisseau, mais il y a très peu d’eau. Nous l’utilisons avec parcimonie. Si nous l’utilisions pour tous nos besoins, sans parler de l’irrigation de nos terres, le ruisseau serait à sec en un mois. Les arbres n’auraient plus d’eau. Les insectes n’auraient plus de quoi se nourrir. Les oiseaux partiraient eux aussi et il n’y aurait plus de plantes fécondées, ni aucun animal.

Et puis c’est un lieu sacré pour nous, car au bord du ruisseau, il y a l’homme à la cape vide. Un ermite soufi invisible à nos yeux.…

Personne n’a jamais vu, ni son visage, ni son corps. Au loin, on voit la grande cape noire qui recouvre ses épaules voûtées. Il est là, assis sur une pierre plate, tout le temps, sous le soleil comme sous la lune. On dit que les vents viennent lui susurrer  les secrets des familles. Personne du village n’oserait troubler la paix de ce saint homme. Nous le respectons beaucoup et si nous devons descendre au ruisseau, c’est pour lui tenir compagnie en silence et bénéficier de sa Présence.

 

Cela n’a pas toujours été ainsi. En fait, durant des dizaines d’années, personne n’osait s’approcher de lui.

Un jour le plus brave des braves s’est approché pour le regarder en face. Il n’y avait rien sous la cape ! Rien ! Le guerrier terrorisé s’est enfui en courant. On ne l’a jamais revu.

Si vous approchez, vous verrez sa cape sur ses épaules. Et c’est tout.  Personne n’en parlait. Tout le monde le craignait et avait peur. On ne savait pas si c’était un être humain, ou un djinn, d’autres disaient que c’était un démon, d’autres un ermite fou descendu des montagnes.

Était-ce des fantaisies ? Des rumeurs et ragots pour combler l’ennui de trop longues soirées entre nous ? Des superstitions venant attiser nos peurs de l’inconnu ? La suite de l’histoire de l’homme à la cape vide nous le dira.

 

Nous avions toujours vu l’homme sans corps, assis là, sur sa pierre. Quand nous étions plus riches, avant la guerre, les femmes du village lui apportaient parfois de quoi manger, quelques fruits et du riz wolof qu’elles déposaient à quelques pas. L’homme ne se retournait pas, mais une voix leur disait « merci ». Alors elles répondaient d’un hochement de tête et elles s’en retournaient au champ, à la maison, ou au soin des bêtes. Puis il y a eu la guerre et l’hiver de misère. Les pâturages dévastés, les chèvres disparues, notre élevage de volailles décimé, la faim dans le ventre des enfants.

 

Un soir, autour du feu, nous étions en train de discuter avec la famille Lefiami. Le père nous expliquait que leur dernière poule était morte le matin-même, laissant neuf petits poussins maigrelets promis à une mort certaine. Nous étions tous bien embêtés pour eux, et restions silencieux autour du feu. 

Kalista, la plus jeune des filles Lefiami, était assise près de son père. Le menton calé sur ses genoux relevés, elle  regardait fixement les flammes danser dans la nuit étoilée.

Elle s’exclama soudain :

  • « Demain matin, j’irai voir l’homme à la cape vide !
  • Tu es folle ! gronda sa mère. Imagines qu’il te regarde et que son regard te transforme en pierre, comme toutes celles qu’il a autour de lui ! J’en ai froid dans le dos rien que d’y penser !
  • Mais, il n’a jamais mangé personne. Pourquoi me ferait-il du mal ? Je veux simplement lui parler. Et puis, comme dit le proverbe, gardons-nous de confondre l’importance des choses avec le bruit qu’elles font.

Comme vous commencez à le comprendre, Kalista était une jeune fille pas comme les autres, avec un fort tempérament et une clarté de vue qui subjuguait même les sages de toute la contrée.

  • Il n’y a pas de fumée sans feu ! Même ta tante Yamina dit comme tes autres tantes, que c’est un djinn. Et il ne faut pas le mettre en colère. Tout le monde le dit.
  • Une fantaisie entendue par dix millions de personnes n’en reste pas moins une fantaisie. Une seule superstition est comme une allumette dans une forêt d’arbres secs, elle vient  allumer les incendies de la terreur en nous. La superstition nous ravage, nous rend faibles , crédules, et influençables, à la merci du premier marabout venu.
  • Tais-toi, intima son père. Il n’y a rien sous la cape. Il n’y a personne, que du vent.
  • Eh bien, répondit Kalista, qu’est-ce que je risque, s’il n’y a rien ? Je lui porterais nos poussins. La poule est morte. Ils vont mourir de toute façon. Peut-être les sauvera-t-il ?

Son père la poussa du pied en bougonnant:

  • Vas te coucher et arrêtes de dire des bêtises.

Mais tôt le lendemain matin, elle mit ses  9 poussins dans son panier, et dévala la pente raide jusqu’aux rochers du ruisseau. Elle aperçut l’homme à la cape vide assis à la même place. Elle s’arrêta pour reprendre son souffle, calmer les battements de son cœur, puis s’avança avec précautions. Elle voyait de dos, une grande cape noire avec une capuche.

 

Qu’allait donc faire Kalista dans cette situation ?

Comment l’homme à la cape allait-il réagir ?

Avait-elle raison de croire à la bonté de la vie ?

Avait-elle raison de ne pas croire aux rumeurs et aux croyances qui font peur ?

Ou était-elle vraiment imprudente de n’avoir pas écouté les conseils de sa mère et de son père ?

Peut-être sera-t-elle été transformée en statut de pierre ?

Qu'est-il advenu des neufs poussins ?  

Et les habitants de ce village, comment vont-ils réagir?

 

 

TRUVERONS-NOUS LES RÉPONSES À CES QUESTIONS DANS LA DEUXIÈME PARTIE ?

 

L’HOMME À LA CAPE VIDE : la présence sans forme.

 

 

Rappeler vous ! La misère dans ce petit village du Nigéria du Nord. Kalista  partie voir l’homme à la cape vide avec ses neuf poussins, malgré la discussion avec son père et sa mère, malgré les rumeurs dans le village.

 

 

Tôt le lendemain matin, elle mit ses  9 poussins dans son panier, et dévala la pente raide jusqu’aux rochers du ruisseau. Elle aperçut l’homme à la cape vide assis à la même place. Elle s’arrêta pour reprendre son souffle, calmer les battements de son cœur, puis s’avança avec précautions. Elle voyait de dos, une grande cape noire avec une capuche.

 

Elle posa son écharpe au sol et y déposa les poussins. Puis elle s’assit à côté de l’homme à la cape.

La capuche  ne bougeait pas.

Elle avait beau le regarder en biais, elle ne voyait rien.

Alors, elle écouta les glougloutements de l’eau du ruisseau.

Au bout d’un moment elle sentit comme si son corps fondait, se détendait. Elle se sentait comme l’eau coulant de pierres en pierres, souple et accommodante.

Cela dura longtemps, elle ne savait plus. Elle sursauta quand une voix dit :

- Que me veux-tu ?

- Je ne sais pas. Je ne sais plus. Peut-être pouvez-vous m’aider…

 

Les paroles s’évanouirent dans un profond silence. et cela dura longtemps, longtemps... Auprès de Lui, Kalista se sentait légère, sereine, paisible, diluée dans l’espace et le temps.

 

Des cris de femmes au loin lui rappelèrent à la réalité du village proche. Elle avait tout oublié.

Elle entendit les piaillements des enfants, les chocs sourds du pilon des mères qui préparent la nourriture. C’était loin, loin, très loin de ce qu’elle vivait là, maintenant.

 

Elle était assise, près de l’homme à la cape vide, de l’homme sans corps. Elle ne le voyait pas. Elle ne savait pas s’il avait une forme. Mais elle sentait très précisément Sa présence. Près de Lui, elle se sentait rassurée. Elle soupira d’aise. Alors la voix murmura :

  • Poses tes poussins sous ma cape, et reviens dans une semaine. J’ai aimé être auprès de toi.
  • Oh, moi aussi, répondit-elle.

Elle remonta au village, s’attarda sous les acacias, marcha sans but un long moment, avant de rentrer. Sa mère, inquiète, l’attendait. Elle fût d’abord rassurée de constater que sa fille n’avait pas été transformée en statue de pierre. Puis elle voulut savoir.

  • Mais qu’est-ce que tu as fait ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ? Pourquoi as-tu été si longue ?
  • J’ai laissé les poussins là-bas, auprès de la cape vide.
  • Et puis quoi d’autre, ma fille ?
  • Ben, rien. Il n’y avait Rien.

Kalista ne savait quoi lui dire. Quoi répondre d’autre ?

 

Six longues journées à se rappeler cette Présence nouvelle en elle. Six longues nuits à dormir peu et à rêver beaucoup.

 

Le matin du septième jour, Kalista dévala la pente à toute vitesse. De loin, elle vit la cape noire et les poussins autour. Ils piaillaient joyeusement ! Ils avaient grandi et étaient vigoureux ! Quel bonheur de les voir ainsi ! Quel bonheur de Le retrouver !

Elle s’assit parmi les poussins, au plus près de l’homme à la cape.

  • Que leur avez-vous fait ?

La voix lui répondit :

  • Je les ai réchauffés. Je les ai laissé vivre.
  • Leur permettre d’aller ainsi, sans que personne les surveille, c’est dangereux non ? Et si un chacal ou un guépard était venu ?
  • Écoutes, Kalista.

 Elle écouta. Le silence de la cape vide emplit son cœur de chaleur. Elle resta ainsi, sans un mot. Le temps s'était dilué. Tout était tranquille.

Le soir arriva. Il fallait rentrer. Mais avant, elle voulut Lui poser un question :

  • Qui êtes-vous vraiment ?
  • Est-ce vraiment important de le savoir ?
  • Je suis sûr que vous êtes un être humain, un être spirituel. Il n’y a pas rien sous votre cape. Vous êtes invisible ! Non ?
  • Se fondre dans le rien et être invisible sont la même chose. Ceux qui ne voient que les aspects matériels de la vie, ne me verront pas. Vouloir être rien et le diffuser autour de toi, te rendra invisible aux autres. Mais pour toujours visible à Dieu. C’est Dieu qui te réchauffe le cœur, pas moi.
  • Pourquoi ne pas faire profiter cela à tous ?
  • Je n’ai pas à décider. C’est Dieu qui doit guider nos gestes. Un guerrier est venu un jour, il a détalé comme un lapin peureux. La bravade et les harangues sont les signes de l’impuissance des hommes à se rencontrer eux-mêmes. Lorsqu’on le choisit, qu’on le veut, l’insignifiance et l’humilité sont les qualités d’un vrai caractère fort.
  • Pourquoi votre Présence ne ressemble à Rien ?
  • Parce que Rien est le secret de Dieu. On ne sait pas qui est Dieu, mais on peut expérimenter le Divin.

Il y eût une pause, et la voix reprît :

  • Dans le silence, l’on trouve le chemin à l’intérieur de son cœur. Si le cœur est pur comme celui de l’enfant, alors il rejoint l’âme. L'âme et le coeur font silence. Et la clarté apparaît. L’âme se fond dans le secret, le Rien. La qualité du Rien fait s’approcher de la vérité. L’Ami est là.

 

 Kalista resta encore un long moment à laisser infuser ces paroles en elle. Puis elle se leva, mît ses poussins dans son panier, et soupira :

  • Je ne saurai pas quoi leur dire…
  • Vas, vis, et reviens. Je serai là.

Elle s’en retourna ainsi au village.  Sa mère l’attendait, inquiète :

  • Mais où étais-tu pendant tout ce temps ? Et s’il t’était arrivé quelque chose ? J’étais si inquiète pour toi !

Puis elle vit, dans le panier, la couvée qu’elle n’espérait plus :

  • D’où sortent ces beaux chéris ? Qui les a nourris ? La cape ?

Kalista ne savait comment répondre.

  • Ce n’est pas une cape. C’est un saint soufi qui les a réchauffé et fait vivre. Je ne sais pas comment.

Le soir, autour du feu, les questions et les commentaires fusaient de toute part :

  • C’est un miracle proclamait la mère !
  • Il est vide, gronda le père. Il n’y a rien sous le capuchon. Un rien ne peut nourrir personne !
  • Père, lorsque nous récoltons des graines pour planter. Des graines de fruits. des graines d’arbres. La graine est bien ce qui va constituer l’arbre ou le fruit futur ?
  • Oui ! quelle question !
  • Si nous coupons l’enveloppe extérieure de la graine qui est dure, il y a de la pulpe.
  • Oui ! dit toute l’assemblée incrédule
  • Après la pulpe, il y a souvent une autre enveloppe plus fine, et enfin au centre de la graine, il y a rien. Le vide. Et c’est de ce vide que naît la nature en ce monde. Alors pourquoi ce vide-là ne pourrait-il pas nourrir des poussins ?

Le père se renfrogne, surpris d’une telle réponse venant d’une fille.

  • Mais tu m’as dit que c’était un saint soufi qui avait le don de se rendre invisible et pas un djinn comme je le croyais, rétorqua la mère.
  • Oui, mais je ne crois pas que ce soit un miracle. Il est juste au plus proche du divin. Près de lui, j’ai trouvé la paix. Et j’ai expérimenté un état proche de rien. Rappelez-vous ce que nous disait l’ancien chef du village à propos des enseignements d’Ibn’Arabi. Il parlait bien du divin invisible à nos yeux endormis ?
  • Mais d’où tu sors tout cela, s’exclamèrent les villageois, surpris d’une telle culture.
  • Ben, je ne sais pas. De rien. Ça vient tout seul. Ce qui vient aussi, c’est que, si nous savions apprécier la volonté de Dieu en chaque chose qui nous arrive, nous serions beaucoup plus heureux.

Les villageois se regardent impressionnés. Kalista reprend :

  • Certes, si les poussins sont un cadeau de Dieu, la pauvreté qui est la nôtre aujourd’hui, est aussi un cadeau de Sa part. Aussi nous devrions en être fiers.

 

Voilà toute l’histoire épilogua le vieil homme. Kalista a fondé une famille avec un homme d’un village voisin et revient régulièrement nous voir et voir l’homme à la cape vide. Et nous, nous allons régulièrement tenir compagnie à l’homme à la cape vide, et méditer avec lui, à l’aube.

Cela nous a rendus beaucoup paisibles et joyeux. Voilà pourquoi, nous respectons infiniment, l’espace du saint homme près du ruisseau.

 

 

Le lendemain matin, les hommes nous aidèrent à désensabler notre 4X4, et nous repartîmes en direction du lac Tchad.

Nous repartîmes charmés par cette histoire incroyable mais frustrés, de n’avoir pas rencontré l’homme à la cape vide.

Cependant, chacun d’entre nous, même les plus petits, le rencontrèrent en rêve, cette nuit-là. Ce fût la plus belle rencontre du voyage. Nous nous somme promis d’y retourner un jour, pour Le rencontrer.

Si vous voulez Le rencontrer, c’est simple vous prenez la direction du village de Blangoua, près de la rivière Chari, et bifurquez vers le sud, et vous trouverez c’est sûr… Sinon ?

Asseyez-vous en silence, et écoutez votre cœur. Vous serez attiré par une espèce de zone plus claire dans votre cœur. Et si vous êtes sincère et vos intentions pures, vous sentirez peut être Sa Présence. Vous sentirez sûrement Sa Présence. Elle vous inspirera le juste.

Un jour, comme Kalista, vous entendrez une voix très loin, si loin, qui vous chuchotera : Suis-moi au-delà des étoiles.  

 

 Papiguy

 

 

 

 



10/09/2017
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